7 avril 2016 4 07 /04 /avril /2016 16:01
le MARATHON DE PARIS de BENOIT

Après plus de 2 ans passés au club et après avoir lu plein de récits de courses tous  plus forts les uns que les autres émotionnellement,  je me décide, enfin, à mettre par écrit à mon tour mon ressenti de course, le marathon de Paris, mon 3ème marathon, 2ème fois à Paris (2014).

Première anecdote du matin, sur le quai du RER (à cette heure matinale, il n’y a que des timbrés du bitume à la gare un dimanche matin), je croise la maitresse de mon fils, elle était un peu perdue, la seule de BSGA entourée d’ex Bussy Runners et de Bussy Runners. Je me dois de la battre pour ne pas être ridicule auprès de mon fils ! (ç’a été fait,  l’honneur est sauf J !). Margot est là, rayonnante comme toujours, pour nous faire un petit coucou, nous encourager. Il faut en vouloir pour se lever sitôt un dimanche matin juste pour prendre une photo d’un groupe de runners ! Il y a 2 ans, c’était Mimi et Chantal qui étaient venues avec leur bonne humeur malgré l’heure.

Dans le RER, bonne ambiance comme à chaque fois, quel plaisir de pouvoir faire une course à plusieurs. Francky nous fait son striptease ; Marie (copine de Clément), Maëlle (fille de Cathy & Patrick) et Supportine préparent minutieusement leur programme pour nous encourager sur tout le parcours.

Comme prévu, il ne fait pas froid, ça sera débardeur du club pour moi. Merci Eric pour le bon conseil vestimentaire de la veille.

Après les photos d’usage d’avant course, direction le SAS 3h45 avec nos beaux sacs poubelles sur nous, qu’on a bien pris soin d’enlever pour la photo devant l’Arc.

Comme par magie une fois dans le SAS (comme il y a 2 ans même heure, même endroit), le soleil apparait, nous fait un joli coucou et nous réchauffe. L’attente est longue, nous avons tous envie d’y aller. Dernier pipi dans le SAS (plus ou moins chaotique pour certaines J !

Compte à rebours 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 GOOOOOOOOO (enfin on doit encore marcher quelques mètres pour passer la ligne et… GO). Le petit groupe Bussy Running qui vise 3h45 : Valérie, Fleur, Denis, Jean-Luc, David, Clément et moi partons ensemble… et trop vite forcément… on se régule mais ce n’est pas encore ça, nous rattrapons la meneuse d’allure 3h45 partie devant nous, et nous la doublons. David qui n’avait pas sa montre nous laisse filer, j’ai cru comprendre qu’il préférait rester avec la meneuse d’allure, une bonne chose pour lui car sans montre dur dur. Fleur qui n’a qu’une chose en tête : la qualif, impose son rythme. On (je) la suit plus ou moins, mais c’est trop rapide, on la laisse filer. Et elle a bien eu raison, super course bien maitrisée et surtout la qualif au bout. Bravo !!! Nous ne les reverrons plus.

Passé le ravito du 10ème km, dans le bois de Vincennes, c’est calme, plus personne parle, on entend que nos pas sur le bitume, j’ai repensé à la prépa mentale de Suzy, elle nous en parlait.

C’est un jeu de yoyo entre Valérie, Clément, Denis, Jean-Luc et moi, chacun à notre tour nous nous sentons mieux et passons devant pour quelques mètres, puis ensuite derrière… je n’ai pas eu cette impression de courir groupé mais toujours à côté, devant, derrière, pas loin. Chacun dans sa bulle.

On passe le semi en 1h50. C’est trop rapide !... on est encore plus ou moins groupé. On ramasse Alain au 22ème km qui est tout frais (surtout les jambes bien froides à nous attendre).

Passé le 23ème km, je commence à avoir les jambes lourdes, déjà… C’est dur, ça va être dur. Tout de suite je me dis : « Tu n’y pense pas, tu t’accroches, tu trouves les raisons qui te poussent à être ici, à galérer, pense à ceux qui voudraient être ici à ta place (tu as de la chance d’avoir mal !!!!) ». A ce moment-là, l’image de Patounet  me vient à l’esprit et alors je m’accroche. Je n’ai pas le droit de lâcher, pas si tôt, pas si facilement…

Les quais, et les passages des ponts, je n’avais pas un mauvais souvenir de mon 1er marathon il y a 2 ans, mais là ils m’ont bien marqué. Dès le premier, Alain qui nous (me) dit de nous aider des bras… Oh oui ça passe mieux. Merci ! Le tunnel des Tuileries qui est interminable, et sans ambiance en plus cette année. Après tous ces passages durs, on a le droit au grand sourire de Supportine, égale à elle-même, le petit mot qui va bien et toujours positif. Merci c’est toujours agréable, encourageant, boostant de te voir sur le bord de la route.

Ensuite, un long faux plat montant avant d’arriver dans le bois de Boulogne, c’est difficile et j’ai l’impression que ma vitesse de croisière diminue. C’est là que je me rends compte qu’il fait vraiment chaud, je bois, je pense assez, mais ça tape. Et c’est justement à ce moment-là qu’ Alain nous dit qu’avec cette chaleur il vaut mieux viser 3h50-55 que 3h45, de revoir nos chronos à la baisse. « Non mais je ne veux pas moi !!! ». Mais il a raison, déjà 3h45 c’est énorme pour moi, de toute façon la ligne d’arrivée est encore loin, on continue et on fera les comptes plus tard.

Vers Roland Garros, Denis juste à côté de moi souffre de crampes, continue mais souffre, et se met sur le côté, m…, un petit mot mais faut continuer, triste de le laisser, triste pour lui. Quelques mètres plus loin, il me passe devant, ça fait plaisir de le revoir, mais il ne va pas bien, s’arrête de nouveau, je ne le reverrai plus.

Du 23ème km au 35ème km, j’ai vraiment des moments de moins bien, envie de tout lâcher, mais de voir Valérie, Alain, Denis, Clément passer devant moi, me distancer, non il ne faut pas, je m’accroche à eux. Merci à vous les copains Bussy Runners. Ça nous a permis de garder un rythme correct. Toujours un devant de quelques mètres à mener et à entrainer les autres, c’est en tous cas cette impression que j’ai eu. Le petit groupe BR restant :

  • Valérie s’est mise dans sa bulle, regardant droit devant, pas un mot, pas un bruit, elle est dans son rythme, imperturbable. Boulette !
  • Clément, souvent devant, a l’air facile pour un premier marathon.
  • Denis, pareil, prend facilement quelques mètres d’avance, il me donne l’impression qu’il part rééditer les temps de la Rochelle. Avant de craquer.
  • Jean-Luc, je l’ai perdu, je ne sais pas quand, désolé…
  • Alain, tout frais, donne les petits conseils, les petits plus.

Dans un marathon, il y a des instants, des images qui marquent, pour moi à coup sûr, sur cette course ce sera ce moment : Un peu avant le 35ème km, un virage un peu serré sur la gauche, un groupe de music chante « Creep » de Radiohead (j’adore cette chanson), je ne sais pas ce qui se passe dans ma tête, un coup de folie,  je prends la corde, je saute sur le trottoir et dans mon élan j’accélère. Et là je me dis « t’es content ? T’es tout seul maintenant, tu fais quoi ??? » Alors je m’accroche à ces choses qui me tenaient à cœur et j’avance. Je m’accorde juste quelques pas de marche aux 2 ravitos restants.

Ravito du 35ème km, il y a 2 ans, c’est là que Fleur m’avait lâché, que je l’avais laissée partir, libérée de son boulet de néo-marathonien ! Est que je suis dans une meilleure forme aujourd’hui ??? Pas sûr, mais pas avec le même mental, ça c’est sûr. J’avais galéré il y a 2 ans à chercher un rythme que je n’ai jamais trouvé, est ce que je peux faire mieux seul maintenant ?...

Les relances après ravitos sont difficiles, mon rythme n’est pas forcement bon, mais j’avance, j’ai l’impression de davantage doubler que de me faire doubler, une bonne chose mais je me trouve lent. Je regarde mon chrono, mon allure (très aléatoire), j’essaye de calculer mon heure d’arrivée, trop dur, on verra bien. Je compte les kms restant. Allez 7km, 6, 5, 4, je m’entends encore dire tout haut « allez plus que 4 » au passage du 38ème Km, 3, c’est quoi 3km c’est rien, bientôt un ravito et après 2km… puis le dernier. Je l’ai tellement rêvé de ce dernier, 1km c’est rien. Regard sur le chrono, pfff ça va être chaud mais plus la tête à calculer même pour 1 km, l’addition est pourtant simple.

Je me souviens de l’arrivée, on contourne une place (porte Dauphine) et c’est là… enfin presque. Dès que j’ai aperçu la place au loin, j’accélère, porté par le public entassé qui nous acclame, c’est fort. J’en peux plus, je regarde mon chrono toutes les 10 secondes, je me dis « je vais le faire », je le dis bien fort « je vais le faire ». Sortie de la place, aïe, ce n’est que le 42ème km, encore 195 mètres en montée. « Allez, on donne tout, on fonce », et je fonce mais je n’ai plus de jus (donc le terme foncer est très très relatif !).

Je l’ai fait. Mon chrono ? Je ne sais pas, 3H44 et …. Je ne suis plus lucide pour lire, voir quoi que ce soit. Je tiens à peine sur mes jambes, je ne m’étais jamais donné à fond comme sur cette course.  

Je remonte l’avenue Foch en marchotant, titubant, à la recherche de copain d’aventure. Personne. Ils sont devant, derrière ??? Je n’en sais rien. Je me ravitaille, reprendre des forces, ne pas penser aux jambes douloureuses, aux pieds qui brulent … C’est là que l’émotion vient…

On se retrouve tous derrière la ligne, on attend Delphine. Elle arrive toute pimpante comme si elle n’avait couru qu’un semi, accompagnée de Lucile. Le plaisir de se retrouver ensemble, de parler de notre course, des autres, des anecdotes, des douleurs, des joies et des peines de chacun. C’est bon.

Dernière difficulté, et pas des moindres, prendre le RER et descendre les escaliers … aïe aïe aïe.

 

Voilà comment j’ai vécu ce marathon, j’avais envie de vous le faire partager.

Merci à ceux qui ont couru avec moi pendant la prépa et durant la course, sans eux je n’aurais pas réussi.

Merci 

 

commentaires

M
Félicitations pour ton marathon et merci de nous faire partager ce moment au travers d'un récit émotionnellement riche.Continue à te faire plaisir sur les courses.
Répondre
T
Bravo Benoît pour cette double performance, d'abord celle de ton chrono, puis celle de ton récit, riche en émotion et en rebondissements !
Répondre
V
Quel beau recit. On a l'impression d'y etre ! Ce marathon laisse toujours de merveilleux souvenirs ! Bonne recup.
Répondre
L
Wouahhh, y'a de l'émotion dans ton récit !! une superbe course que tu nous fait revivre avec talent !<br /> Bravo à toi, à tous ! <br /> bonne récup !
Répondre
H
On est dans la course, on la vit.<br /> On est à ta place et on voit à coté de nous les copains et les copines. Qui s'éloignent ou qui ralentissent.<br /> Beau récit et belle réussite sportive. Et tu n'en es qu'à tes débuts ...
Répondre