La boulette au Marathon de Munich
Il y a un an, en m’inscrivant à Bussy Running, je me lance au bout de quelques semaines le défi de devenir marathonienne. Les récits de beaucoup me font rêver et me donne envie de vivre une telle expérience. Le club propose celui de Munich, je fonce sans vraiment réfléchir … un défi contre moi-même, très certainement.
Dès mon retour de vacances, fin août, je me mets en mode « préparation ».
8 semaines, 4 séances par semaine. C’est long et intense mais je ne lâche rien. Les séances de VMA alternent avec les séances de footing. Dernière semaine, juste un petit footing, et une alimentation avec beaucoup de pâtes !!! Mes enfants sont ravis des menus. Il faut que je fasse des réserves.
Et voilà, le jour du départ arrive, enfin, déjà … Je me sens prête physiquement et psychologiquement mais une grosse angoisse m’envahit quand même. L’objectif est de boucler ce premier marathon, sans bobo et la cerise sur le gâteau serait de franchir cette ligne d’arrivée mythique sous cette fameuse barre des 4 heures …
Je retrouve mes amis « frappadingues » et tous les participants du Club à cette course. Nous sommes 16 à courir entre le marathon et le semi. Le voyage se fait dans la bonne humeur avec de belles rigolades. Nous formons un groupe de passionnés de la course à pieds, mais surtout un groupe d’amis très solidaires les uns envers les autres. Ce voyage prend des airs de colonie de vacances.
Nous arrivons à Munich dans l’après-midi, nous passons vite fait déposer nos valises et nous repartons aussitôt au « Village » retirer nos dossards. Je serai le 1317 !!!
Soirée Pasta Party à l’hôtel ! Encore des pâtes …
Le jour J est arrivé. Lever à 6h30 après une nuit quasi blanche, je suis fatiguée et j’ai mal à la tête. Je m’oblige à manger un petit déjeuner bien copieux. Les gazous sont aux petits soins pour moi et me surveillent. On remonte tous enfiler nos tenues, un dernier message à ma copine Fleurette, elle m’encourage, me motive et c’est parti.
Me voilà sur la ligne de départ. Il règne une bonne ambiance et le soleil est au rendez-vous. L’émotion m’envahit déjà, les larmes coulent … Les semi-marathoniens sont venus nous encourager. C’est super gentil et très réconfortant. Un dernier bisou à Suzy, lolo, mon Papy … J’essaie de rester calme et le coup de feu du départ retentit. Bon sang, ça y est : je suis partie pour un marathon !!!
Je suis très bien entourée, Claude et Benoit partent sur le même rythme que moi, 5'30/km. Le départ est dense, quelques bousculades mais tout se passe bien. Nous essayons tous les 3 de prendre immédiatement notre vitesse de croisière. Benoit contrôle sur sa montre et nous régule. Les premiers kilomètres s’enchaînent aisément, un poil trop vite mais c’est que du bonheur. Apres un passage en ville, nous entrons aux alentours du 7e kilomètre dans un superbe parc, une dizaine de kilomètres de verdure. Lucienne est dans notre sillon, c’est chouette. Tout va bien. Nous passons le semi-marathon en 1h54, on a quelques minutes d’avance. Claude, l’expérimenté, nous prodigue quelques conseils d’alimentation, d’hydratation, de posture, de rythme ??? C’est un bonheur de l’avoir avec nous, il est rassurant. Les nombreux encouragements sur le parcours sont stimulants. Des gamins tendent les mains pour avoir une tape des coureurs, on se prendrait presque pour des champions !
Nous traversons la portion du parcours la moins jolie, voie ferrée, zone industrielle mais nous sommes toujours dans le bon tempo, tout va bien. Claude nous alerte aux alentours du 27ème km, les vraies choses vont commencer, votre marathon commence maintenant … tels sont ses mots. Petit coup de pression, je me sens bien, pourvu que ça dure.
Nous arrivons tranquillement au 30ème kilomètre et Benoit commence à souffrir de crampes … Mince. Son visage se durcit, sa démarche a changé. Je suis inquiète. Claude, toujours là, lui dit de bien boire et de s’alimenter au ravitaillement. Il s’accroche, mais dans la souffrance, à nous, jusqu’au 35ème kilomètre environ. On arrive au dernier ravito, je bois vite fait, je prends un gel mais ne m’arrête quasi pas, il ne faudrait pas que mes jambes ne redémarrent plus. Claude revient à mon niveau mais on a perdu Benoit. Je me retourne à maintes reprises … que faire ? Je suis prise de doutes, doit-on l’attendre ? … Claude me dit de continuer, que c’est ma course et que je ne dois pas lâcher. Il a raison mais c'est dur … les larmes coulent ….
Nous traversons la partie centrale de Munich, de superbes places historiques, le paysage est magnifique. J’avance toujours, je commence à ressentir quelques douleurs dans les cuisses mais c’est supportable, j’essaye de penser à autre chose. Nous rattrapons même Daniel, il a du mal. Nous passons la borne des 40 km et Claude me dit « Valérie, dans moins de 15 minutes, tu seras marathonienne » … Je sens que je suis tout près du but et tout va toujours bien pour moi. Nous dépassons des dizaines de participants qui marchent, qui ont mal aux jambes, qui sont épuisés. Je devine le stade où est l’arrivée, on s’approche tout doucement, la musique est de plus en plus forte, l’émotion commence à monter. On fait un tour du stade en extérieur, ça me parait une éternité, je n’ai qu’une envie, rentrer dedans et là … Une entrée sous forme de tunnel, de la lumière de toutes les couleurs, des brumisateurs et une entrée dans le stade digne de champions de foot … Claude me dit de profiter, que c’est un moment exceptionnel … Un dernier tour de piste, je me sens pousser des ailes et me paye même le luxe d’accélérer et de franchir cette fameuse arche en sprintant afin d’afficher un chrono en – de 3h50 …
Put…. Je l’ai fait !!! Je tombe dans les bras de Claudio qui me félicite … Je réalise que c’est un truc de dingue que je viens d’accomplir.
A peine passée la ligne d’arrivée, je croise Manu très fatigué, il a du faire un effort surhumain pour respirer car il a pris le départ très malade, bravo à lui, et Francky qui a amélioré son chrono ! top. Mais, je retourne aussitôt sur la ligne d’arrivée, je veux voir si Benoit arrive … le voilà, quelques minutes après, il a lutté aussi, il est déçu mais il a aussi amélioré son temps par rapport au précédent. Dommage qu’il n’ait pas franchi cette ligne d’arrivée avec nous …
Je profite de ce petit récit pour vous remercier tous, pour tous vos messages de soutien, d’encouragements et de félicitations que j’ai reçu avant et après la course. J’ai vécu une expérience exceptionnelle sur le plan physique mais sur le plan émotionnel aussi.
Je dédie cette victoire à ma petite Etoile qui veille sur moi là-haut depuis 6 ans …