Je me souviens d’un 15 août après-midi, du côté de Cahors, où avec mon frère nous participâmes au semi de Lacapelle-Biron. C’est par là bas que j’ai fais mes premiers pas de course.
Ce jeudi 25 août 2016, veille de la CCC, l’euphorie de notre inscription à laissé place au doute. La superbe course de Margot nous montre la voie à suivre, hydratation et abnégation, seront nos meilleurs atouts pour aller jusqu’au bout de notre rêve.
A la lisière de la forêt, notre premier col se dresse devant nos yeux, majestueux, un paysage à couper un souffle qu’il va nous falloir gérer. Au loin, serpente une guirlande multicolore de traileurs anonymes où figure certainement Fleur. Sous une chaleur étouffante, David et moi entamons notre premier sommet. Gravir, lentement, régulièrement, les yeux rivés sur la monotrace, un petit regard circulaire de temps à autres sur ce panorama dantesque me fait comprendre pourquoi je suis ici. Trois heures de montée, depuis notre départ de Courmayeur, nous amènent à la Tête de la Tronche.
Au sommet, à notre premier ravitaillement, je quitte David, gastronome en cuissard... Nous nous croiserons jusqu’au pied du grand col Ferret, pour ne nous retrouver ensuite qu’à Chamonix.
27 km de course, ne pas se poser de question, grimper, mètre après mètre, lacet après lacet, l’un derrière l’autre. La file de traileurs n’est déjà plus aussi compacte. Je regarde ces visages qui m’entourent, ces silhouettes courbées par un même effort qui nous unis pour atteindre le sommet du grand col Ferret. Cette solidarité muette me réconforte. Après 4,5 km de montée, un poste de fortune nous accueille au sommet afin de bénéficier d’un peu d’eau fraiche avant le ravitaillement officiel en contre bas.
Les deux plus hauts sommets franchis, je repars, soulagé de ces premières épreuves. J’entame la vingtaine de km qui m’emmène au pied de la montée vers Champex, confiant. Boire, se rafraichir aux multiples ruisseaux et en prendre plein les yeux seront mes dernières volontés de ces douze premières heures de course. La nuit est tombée lorsque j’arrive à la frontale sur une Margot enthousiaste au ravito de Champex.
56 km de course ! plus de la moitié ! le moral est au beau fixe et le mollet souple (dixit Margot) Soupe, compote, bananes et je repars dans la nuit sombre suivre un groupe d’espagnols qui animera ma première montée nocturne vers la Giète.
Etonnante cette course de nuit où le temps suspend son vol, où seuls quelques souvenirs témoignent de ces heures courues. Je me souviens de ces troupeaux de vaches fantômes ou seules les cloches résonnent dans le silence de la nuit, ces petites lucioles qui me dessinent le chemin vers la cime et me dévoilent brusquement une silhouette silencieuse d’un coureur fatigué ou enfin ce duo de ballerines anglaises que j’éclaire du faisceau de ma frontale et qui me guide dans la descente jusqu’à Vallorcine, km 83, 19 heures de courses.
La nuit me l’a chuchoté, je serai finisher. Dernière montée, je file vers la Têtes aux vents. Mais qu’elle me semble interminable cette fin de course. Racines, pierres, se mêlent à une insidieuse fatigue qui aurait pu me couter chère dans la descente vers Chamonix où je bifurque vers un chemin qui allait me conduire vers Praz. Le bon Dieu existe, je vous l’assure. Sur ce sentier isolé je croise un ange qui m’indique que le paradis ne passe pas par là.
Arrivée à Chamonix, le bénévole me montre le petit pont qui enjambe l’Arve, il ne me reste plus qu’un km. Je regarde ma montre, je peux rester sous les 24 heures de course, inespéré !!!
J’entends le speaker au loin. Les supporteurs se font de plus en plus bruyants. Je vois les enfants de David, Fleur, Margot qui prend un départ arrêter pour me suivre, mais pas le temps ! L’arche de l’arrivée se dévoile après un ultime virage. Ca y’est, le bras levé, mes fidèles bâtons dressés comme un trophée, je suis finisher de la CCC.
Que de chemin parcouru depuis ce premier semi de mes vacances passées, sur soi, avec les uns, avec les autres, de beaux paysages, de magnifiques instants partagés.
Un grand merci à mon épouse, Florence, pour tous ses petits sacrifices de la vie quotidienne que je lui impose, et qu’elle ne me reproche qu’à demi-mot,
Un grand merci à mon frère, Jean-Christophe, qui m’accompagna sur ce premier semi, avec qui je cours trop peu,
Un grand merci à chacun d’entre vous, coureurs de BUSSY RUNNING. Je connais l’exaltation d’un suivi de course et savoir que vous êtes derrières nous est une joie supplémentaire de porter le maillot du club pendant tous ses efforts.
Je vous embrasse tous !